Créer un avenir durable grâce aux toits verts
- Publié le 22 novembre 2023
- Révisé le 12 septembre 2024
- Lecture: 24 min
Briar Von Gerl
Rédactrice
Dans nos efforts tendant vers un avenir plus durable, l’architecture et le design ont évolué de manière à inclure des solutions écologiques. L’urbanisation a entraîné la destruction d’habitats naturels, et les toits sont devenus des espaces négligés qui peuvent pourtant avoir un impact positif sur l’environnement. C’est ici qu’entrent en scène les toits verts, une option écologique permettant non seulement de réduire les coûts d’énergie, mais de créer également un habitat pour la flore et la faune, d’améliorer la qualité de l’air et de protéger les bâtiments. Dans cet article, nous explorerons les bases des toits verts, leur construction, leurs avantages ainsi que l’intérêt d’en installer ou non sur votre maison.
Contrairement aux toits plats en béton et aux toits en bardeau d’asphalte traditionnels, les toits verts sont couverts partiellement ou intégralement de végétation. Les plantes sur le toit peuvent être des graminées, des herbes ou encore des arbustes ou des arbres. Bien qu’il existe d’autres options de toits utiles, les toits verts ou végétalisés offrent des avantages environnementaux et sociaux uniques, à la fois pour l’édifice et la zone avoisinante. Ils peuvent être installés sur des bâtiments nouveaux ou déjà existants, qu’il s’agisse de petites structures résidentielles ou de grands bâtiments commerciaux.
De plus, ils peuvent être combinés à d’autres options de toits écologiques, tels que les toits bleus, qui stockent l’eau, et les toits blancs, qui reflètent les rayons du soleil dans les zones urbaines.
On classe les toits végétalisés selon les espèces de plantes qu’ils peuvent accueillir et la profondeur du substrat de culture qu’ils ont la possibilité de contenir. Les plantes de plus grande taille ou qui produisent des fruits et des légumes exigent un substrat plus important pour leurs racines.
Un toit vert intensif comporte habituellement de grands arbres, des arbustes et une importante couverture vivante. Il est souvent conçu pour des utilisations sociales ou le jardinage. Les plantes qu’il peut contenir nécessitent un substrat de culture profond d’au moins 25 cm (10 pouces). Compte tenu du poids supplémentaire au pied carré que représentent les plantes et le substrat, une structure de soutien solide est essentielle. De plus, la construction et l’entretien de cette structure peuvent s’avérer coûteux.
Se trouvant entre les toits verts intensifs et les extensifs, les toits verts semi-intensifs comportent généralement des arbustes de même qu’une couverture vivante de plus petite taille, de manière à créer des espaces agréables à l’œil. L’épaisseur du substrat est habituellement entre 15 et 25 cm (entre 6 et 10 pouces), permettant à une grande variété de plantes d’y pousser, tout en limitant le poids.
Le toit vert extensif est l’option la plus simple et la moins coûteuse. On y trouve de l’herbe courte ou de petits succulents, de même qu’une fine couche de substrat sur laquelle poussent les plantes. Comme son substrat peu profond est de 15 cm (6 pouces) ou moins, il se veut beaucoup plus léger au pied carré que les autres options. Ce type de toit vert est couramment utilisé pour les toitures résidentielles, puisqu’il est léger et abordable, tout en présentant de nombreux avantages. Il s’agit du seul type de toit vert pouvant être installé sur des toits à forte pente.
Enfin, on trouve les toits bruns. Ces toits servent à préserver la biodiversité naturelle régionale, en permettant à certaines plantes locales de pousser et en favorisant l’ensemencement naturel par le vent et les animaux. L’accent n’est pas mis sur l’infrastructure requise pour la culture de plantes.
Bien que les toits verts présentent des structures variées, ils sont typiquement construits à l’aide des mêmes matériaux et présentent la même structure générale. Par ailleurs, certains matériaux utilisés pour chaque couche peuvent différer en fonction des besoins du toit vert choisi.
La charpente d’un toit vert est la couche de base de la toiture. Elle soutient l’ensemble du toit vert et est habituellement faite de béton, d’acier ou de bois. Elle est conçue pour résister au poids des composantes du toit vert, de même qu’à toute charge ajoutée comme le vent ou la neige.
Installé entre la charpente et l’isolant, le pare-vapeur empêche l’humidité de pénétrer dans la structure et de causer des dommages avec le temps. Lorsque mis en place dans les règles de l’art, le pare-vapeur préviendra la formation de moisissures et de pourriture, de même que la réduction de l’efficacité énergétique du bâtiment.
L’isolant est un composant crucial de toute toiture, mais il s’avère particulièrement important dans les toits verts. En effet, il protège les racines des plantes des températures extrêmes et contribue à réduire les coûts de chauffage du bâtiment.
La couche composée d’une membrane d’étanchéité est conçue pour empêcher l’eau de pénétrer dans le toit et d’atteindre la structure sous-jacente. Elle est habituellement faite d’une matière synthétique durable, comme du PVC ou de la TPO, et est installée entre l’isolant et la barrière anti-racine. La membrane d’étanchéité constitue une composante cruciale d’un toit vert: elle protège le toit des dommages causés par l’eau, prévient les infiltrations et empêche la formation de pourriture et de moisissures.
La végétation et surtout les plantes de grandes dimensions peuvent endommager les bâtiments en raison de leurs importants réseaux de racines. Bien qu’elles poussent lentement, les racines peuvent éroder et fendre divers matériaux, dont les membranes imperméables et le béton. Pour prévenir ces dommages, il est nécessaire d’installer des barrières anti-racines. Composées de matériaux non toxiques et flexibles, elles redirigent les racines de manière à les éloigner de la structure du bâtiment.
Bien que l’eau soit nécessaire à la croissance de la végétation sur un toit vert, un excès d’eau peut endommager voire tuer les plantes, en plus d’ajouter un poids non négligeable à la structure du bâtiment. La couche drainante permet à l’eau en excès de mieux s’écouler. Généralement, cette couche est faite d’une combinaison de plastique préformé, de pierres et d’autres matières qui favorisent l’écoulement de l’eau.
La couche de stockage des eaux est une composante optionnelle, mais avantageuse, d’un toit vert. Elle est largement composée des mêmes matériaux que la couche drainante, soit un lit de pierres et un plastique préformé. La principale fonction de cette couche est de stocker l’eau en excès, jusqu’à ce que les plantes puissent s’y abreuver, ou encore jusqu’à ce que l’eau s’évapore ou qu’elle s’écoule lentement par la couche drainante.
Même si nous souhaitons que nos plantes poussent bien, nous ne voulons pas que de fines particules du substrat de culture s’échappent dans la couche drainante. Le tissu filtrant sépare le substrat de l’eau, afin d’empêcher que cela ne se produise.
Plusieurs techniques d’irrigation, telles que des vaporisateurs, de la tuyauterie interne et un système d’arrosage goutte à goutte peuvent fournir de l’eau aux plantes. À noter que les besoins des plantes varient: certaines peuvent facilement résister à la sécheresse, alors que d’autres ont besoin de plus d’entretien. Les vaporisateurs et systèmes d’arrosage goutte à goutte peuvent être utilisés pour cibler des zones précises et faire en sorte que toutes les plantes reçoivent une quantité adéquate d’eau et de nutriments.
Toutes les plantes ont besoin d’une matière dans laquelle pousser, mais le terreau habituel est beaucoup trop lourd pour une utilisation sur les édifices, et moins efficace pour retenir l’eau avec le temps que les substrats artificiels. Ces derniers sont composés d’un mélange de matières naturelles, comme de la tourbe, du paillis, de la vermiculite et de la perlite, afin de créer un milieu de croissance optimal, tout en réduisant le poids.
La végétation est un élément crucial de tout toit vert et celle-ci variera selon le type de toit vert et sa fonction.
Par exemple, les toits verts extensifs comportent habituellement des plantes à croissance lente résistantes à la sécheresse, comme des mousses et des herbes. Ces plantes nécessitent un entretien minimal et peuvent supporter des conditions difficiles. Ce qui en fait une option idéale pour les bâtiments dont l’accès au toit ou la capacité d’entretien régulier sont limités.
En revanche, les toits verts intensifs s’apparentent davantage à des jardins sur toit traditionnels, et peuvent comprendre une grande variété de végétaux, tels que des arbres, des arbustes et des légumes. Ils exigent souvent des systèmes complexes pour supporter la profondeur des racines et répondre aux besoins nutritifs des plantes, de même qu’un entretien régulier effectué par un·e jardinier·ière.
Après avoir décidé du type de toit vert que vous vouliez installer, c’est le moment de choisir la végétation que vous y mettrez et une méthode d’installation durable. Certaines plantes s’adaptent plus facilement à des conditions potentielles de sécheresse, alors que d’autres sont choisies dans le but de promouvoir la biodiversité ou simplement pour leur attrait visuel.
Afin de promouvoir la biodiversité dans des environnements créés artificiellement, comme les toits verts, optez pour une variété de plantes locales qui sont bénéfiques pour la faune locale. Les plantes résistantes à la sécheresse comme les succulentes sont très prisées, sans compter le sédum, étant l’option la plus courante pour les toits verts. Cependant, certaines plantes comme la laîche glauque et la lampranthus exigent plus de soins et d’attention.
Si vous construisez un toit vert en Ontario ou au Québec, nous vous recommandons d’utiliser des plantes locales afin de favoriser la biodiversité. Une liste complète de plantes adaptées à cet usage est proposée dans le document sur les toits végétalisés de la Ville de Montréal.
Après avoir choisi les plantes que vous voulez utiliser pour votre toit vert, vous devez les installer. Les toits verts extensifs offrent de nombreuses options d’installation, mais les toits de type intensif sont limités à des plants et à la naturalisation en raison de leur profondeur réduite.
Les tapis végétalisés sont produits de manière similaire aux plaques de gazon. Ils sont cultivés sur un substrat (comme les fibres de coco) avec une membrane en filet qui retient les racines et le substrat de culture. Les tapis sont ensuite découpés en rouleaux et disposés sur le toit vert, offrant ainsi une couverture instantanée et uniforme. Ils conviennent particulièrement aux sections extensives et moins profondes des toits verts semi-intensifs.
Les plateaux pré-végétalisés sont l’option de choix si vous planifiez installer des plantes en suivant un quadrillé sur le toit vert. Ils comportent souvent plusieurs des sous-couches et peuvent être installés comme une solution complète. Cependant, comme il arrive souvent que les plateaux ne permettent pas à l’eau de s’écouler de l’un à l’autre, ils peuvent entraîner une distribution inégale de l’humidité.
Semblable à la méthode employée dans l’aménagement paysager traditionnel, la méthode des plants consiste à cultiver des plants dans des caissettes en leur fournissant amplement de nutriments jusqu’à ce qu’ils aient développé des racines solides. Les plants sont alors séparés individuellement et plantés dans des trous creusés dans le substrat. Bien que cette méthode exige plus d’entretien et de temps pour que les plants s’acclimatent entièrement, elle permet de produire un toit naturel de tout type.
Les toits verts naturalisés (comme les toits bruns) consistent à laisser les graines se déposer au moyen du vent et de la faune, entraînant un mélange diversifié de végétation locale. Cette approche peut aussi être combinée à l’installation de plants pour créer une solution hybride, mais elle nécessite beaucoup de soins au début.
Les coûts nécessaires à la création d’un espace vert varieront en fonction du type de toit vert. Par exemple, un toit vert extensif coûte normalement de 10 à 20 $ de plus le pied carré qu’un toit traditionnel. Les toits verts intensifs, par contre, peuvent coûter plus de 150 $ le pied carré si vous devez construire une structure de soutien qui peut résister à la charge supplémentaire occasionnée par la profondeur du substrat.
Les propriétaires désirant créer un toit vert sur un toit existant pourraient avoir avantage à faire appel à des spécialistes pour évaluer sa capacité de charge. D’autres modifications pourraient faire grimper les coûts, surtout si vous devez faire appel à un·e ingénieur·e en bâtiment ou à un·e architecte. Enfin, les coûts d’entretien commencent à 1 $ le pied carré dans les premières années, pour diminuer et atteindre 0,10 $ avec le temps.
Les toits verts existent depuis des milliers d’années, et certains sont encore en place! Bien qu’il n’y ait pas assez de données pour déterminer le nombre d’années que peuvent durer les toits verts, nous savons qu’un mauvais entretien peut réduire considérablement leur durée de vie. Cependant, même s’ils peuvent dans certains cas être endommagés par les éléments, la défaillance des matériaux ou un entretien inadéquat, rien n’indique qu’il soit nécessaire de reconstruire entièrement un toit vert endommagé ou détérioré comme ceux de bardeaux ou de tuiles.
La construction de bâtiments avec un toit vert présente de nombreux avantages, notamment l’amélioration de la communauté environnante et de l’infrastructure urbaine, l’augmentation de la valeur et de l’efficacité énergétique du bâtiment et les répercussions positives sur l’environnement. Voyons d’un peu plus près chacun de ces types d’avantages.
Bien que les effets positifs des toits verts sur l’environnement et l’efficacité énergétique soient indéniables, il s’avère plus difficile de mesurer leurs répercussions sociales. Néanmoins, des recherches indiquent que les espaces verts, notamment les toits verts, peuvent être bénéfiques pour la santé et la cohésion sociale.
Les toits verts présentent aussi des avantages pour les infrastructures qui contribuent à réduire les effets négatifs des environnements urbains traditionnels.
Les toits verts améliorent l’environnement des alentours en favorisant une croissance de la biodiversité, en réduisant la chaleur dans les zones urbaines et en purifiant l’eau et l’air.
En plus des répercussions positives sur leurs alentours, les toits verts offrent de nombreux avantages économiques et améliorent la qualité de vie des propriétaires et des résident·es de ces bâtiments.
Même si les toits verts sur les bâtiments commerciaux présentent de nombreux avantages, il est important, avant d’en installer un, de considérer leurs inconvénients potentiels.
Les toits verts peuvent être installés sur des bâtiments dont les pentes du toit sont inférieures à 10 degrés. Toutefois, plus la pente est importante, plus leur efficacité diminue. Pour les toits présentant des pentes supérieures à 45 degrés, des solutions spécialisées sont nécessaires et se limitent aux toits verts extensifs avec des végétaux spécifiques comme de la mousse.
Dans certaines municipalités, un·e entrepreneur·e-couvreur·euse ayant de l’expérience avec les toits verts peut s’avérer suffisant, alors que d’autres peuvent exiger qu’un·e professionnel·le en toits verts supervise la conception et la construction. Il est recommandé de faire appel à un·e spécialiste des toits verts pour les toits verts intensifs.
Les toits verts ont le potentiel de vous faire obtenir des crédits pour la certification LEED, mais ça dépend de la façon dont ils sont conçus. Vous pouvez obtenir environ 15 points grâce aux avantages qu’offrent les toits verts. Plus précisément, vous pouvez obtenir jusqu’à six points dans la catégorie de l’aménagement écologique des sites, en raison de la réduction de l’effet d’îlot de chaleur, de la réduction du ruissellement des eaux pluviales et de la restauration des habitats perdus au détriment de l’urbanisation. Des crédits supplémentaires peuvent être obtenus en optant pour l’utilisation de matériaux écologiques, l’installation de panneaux solaires ou la transformation du toit en un espace communautaire.
La réponse rapide? Oui. Cependant, les subventions offertes varient grandement selon l’endroit, le type de bâtiment sur lequel sera installé le toit vert et le fait qu’il s’agisse ou non d’une nouvelle construction. Les résident·es canadien·nes peuvent bénéficier de la Subvention canadienne pour des maisons plus vertes, mais, selon l’endroit où vous habitez, il existe différentes subventions.
Bien que ce ne soit pas obligatoire dans la plupart des villes, de nombreux incitatifs à la construction de toits verts sont en place dans les zones urbaines du Canada et des États-Unis. C’est le cas à Montréal où certains arrondissements prennent un virage vert. La métropole a d’ailleurs adopté sa Stratégie d’agriculture urbaine 2021-2030 ayant pour objectif d’assurer la pérrennité de projets innovants sur le territoire. Concrètement, c’est une banque de terrains, immeubles et toits (30 hectares en 2030) du territoire de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles qui seront ciblés pour cette agriculture urbaine dont les toits végétaux.
Les toits verts sont considérés comme étant plus écoresponsables que les toits traditionnels. Il existe cependant de nombreuses options pour accroître leur incidence positive sur l’environnement. L’intégration d’éléments comme des panneaux solaires peut améliorer l’efficacité énergétique d’un bâtiment, alors que l’effet refroidissant d’un toit vert pourra en retour augmenter l’efficacité des panneaux. De plus, la rétention des eaux pluviales peut être ajoutée afin d’atténuer les effets négatifs des eaux pluviales excédentaires.
Solutions durables pour les bâtiments résidentiels et commerciaux
Vous aimeriez améliorer votre nouvelle construction ou vous cherchez à accroître la valeur de votre propriété au moyen d’avantages environnementaux et d’économies d’énergie? Les toits verts constituent une option formidable. Que vous rénoviez la toiture de votre maison ou construisiez un nouveau bâtiment commercial, assurez-vous de faire appel à un·e entrepreneur·e en toits verts chevronné·e.
Briar Von Gerl est ingénieure, inventrice et artiste, et son passe-temps favori est de créer. Elle met à profit son expérience en menuiserie et son expérience créative pour écrire, en espérant inspirer tout le monde à se lancer dans la même aventure qu'elle.
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